Wooly Saint-Louis Jean : un amant inconditionnel et insatiable de la poésie
Publié le 2018-10-19 | lenouvelliste.com
Comment réparer cet oubli inexplicable de notre part ?
Wooly Saint-Louis Jean, chansonnier et chanteur, est de toutes les fêtes poétiques. Cet amoureux fou des vers ne rate jamais une occasion de le démontrer. C’est un fidèle invité des «Vendredis littéraires» du centre Anne-Marie Morisset. Il a fait en deux ou trois occasions, en compagnie d’écrivains, le pèlerinage jusqu’à Jérémie, cité des poètes, pour son festival annuel. Pour ne citer que cette ville.
Il était donc présent, sur la scène de la salle « Katléa» au Karibe, lors de la soirée pour le « Pen club». Il était assis avec sa guitare au milieu des diseurs, debout devant leurs pupitres : Myrtho Casséus, Pierre Brisson, Syto Cavé, Mehdi Chalmers.
Il a accompagné à la guitare, Pierre Brisson déclamant «Dansez ce blues avec moi madame» de Raymond Chassagne. Entre deux poèmes dits, il nous a chanté ses chansons à base de textes poétiques mis en musique habilement, avec goût. « Rara yo deyò» de Syto Cavé affirmant le « Kata» sur son pupitre, « Wout » de Lyonel Trouillot, « La vi vye nèg » de Claude Innocent, et « Fò w Jije », court refrain des années 1950 visant Paul Magloire et mis dans le contexte «PetroCaribe».
Le chansonnier a des modèles illustres et de qui tenir. À l’instar de son maître et icône de la chanson française Léo Ferré, qui s’était donné la mission d’allier la poésie à la musique, Wooley Saint-Louis Jean a placé très haut la barre de son choix de textes, de ses ambitions. Il a donc jeté son dévolu sur les poèmes de nos meilleurs aèdes modernes. Écrits souvent mystérieux.
Wooley Saint-Louis Jean, musicien, a du goût. Sa sensibilité est très contemporaine : jazz, blues, bossa-nova et musique latine, genres traditionnels et folkloriques haïtiens. Les sirènes de la pop ou rock-music sont sans effet sur lui, on dirait.
Pour réprendre les termes de Lyonel Trouillot, nous disons que Woolley est une belle manière de mettre la poésie dans la rue. Nous formons quand même le vœu qu’il s’intéresse davantage à des textes moins sibyllins, plus transparents et néanmoins poétiques. La poésie c’est aussi Jacques Prévert et Francis Jammes ; il ne l’a pas oublié, je crois.
Nous invitons le public à venir nombreux à son prochain tour de chant à Pétion-Ville, au Jazzy’s restaurant, rue Louverture.
Nous laissons nos lecteurs avec la fascination de ce texte pittoresque de Syto Cavé qu’il a superbement mis en chanson : «Raray yo deyò»
Rara yo deyò
Tanbou ap frape
Rasin ap gwonde
Youn reponn nan kè m
Lòt la pran m nan ren
Leyogàn tou pre se la mwen pwale
Pi bonè pou mwen toujou granm maten
Rara yo deyò kenbe mwen pi fò
Rara yo deyò lage kò w kenbe menm pi fò
Bondye fenk mouri
Se nan je w cheri
Mwen pèdi chimen yon vandredi sen
Nan kouri dèyè w m rive Leyogàn
Mwen rive Payan san mwen pa konnen
Banyè devan lalin kouvri nou sanzatann
De, twa stasyon, minwi bare nou Twou Foban
Yon rèn chantrèl tonbe nan bra yon majò jon
Papa Legba montre m chimen lavil Okan
Paroles : Syto Cavé/ musique : Wooley Saint-Louis Jean